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Texte libre

« Scandez-Le » toujours là en 2007 !
 
 
Ironique, critique, joyeux, radical, d’humeur, depuis l’ombre de la République, « SCANDEZ-LE » est une œuvre collective polémique, un terrain de joutes poétiques sur fond de culture urbaine, un fanal de résistance dans le webocéan…
 
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"C'est Scandaleux ? Scandez-Le !"
 
 
 
 

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1 août 2005 1 01 /08 /août /2005 00:00

                                     

Bien des 11 Septembre plus tard…

 
  
11 Septembre 73, le Général Pinochet, chef de l’armée Chilienne renverse le pouvoir du Président Salvador Allende avec l’aide de la CIA.
Un des sous-chefs de l’armée Ricardo Manrìquez Pearson est muté par le Général Pinochet dans la région de San Fernando où il est craint par sa réputation de tortionnaire.
Presque 30 ans plus tard, en 2004, l’homme qui s’était fait discret depuis la fin de la dictature est rattrapé par la justice alors qu’il officie comme Consul Général du Chili au Honduras.
 
Après une investigation du journal chilien «La Naciòn » sur le Maire Ricardo Manríquez, accusé de la disparition de prisonniers et d'actes de tortures, le gouvernement a exigé que le Consul du Chili au Honduras revienne au pays pour être à la disposition des tribunaux…Manríquez continue cependant à être diplomate, mais un diplomate sans affectation …
 
L’article publié le 12 Avril 2004 dans « la Nation » a ravivé de douloureux souvenirs pour de nombreux Chiliens qui ont été victimes de torture dans les premiers mois après le coup d’état militaire.
Ricardo Manríquez qui à l’époque était capitaine en exercice, avait été contacté un mois avant par le journal quand il avait été nommé Consul Général du Chili au Honduras.
 

                                                          

 
A San Fernando et dans ses environs, à la lecture de la nouvelle concernant sa nomination beaucoup de gens ont ressenti un véritable écoeurement. Les ex-prisonniers politiques, bien malgré eux, ont revécu les souffrances que le nouveau Consul avait commis de ses propres mains.
 
Rapidement ils se sont mobilisés et ont rédigé une lettre pour le Président Ricardo Lagos. Celle ci a été signée par toutes les Parties de la Concertation de la VI ème région et lui a été remise en main propre lors d’une cérémonie à Nancagua.
 
Dans cette lettre, ils ont rappelé les cruautés qu’ils ont subies « sous les ordres de ce répugnant personnage » et l’ont ainsi sollicité pour qu’il « mette en place des mesures nécessaires pour empêcher qu'un tortionnaire tel que le Capitaine Ricardo Manríquez Pearson, continue de représenter notre pays au Honduras, ou ai une autre fonction de représentation diplomatique ». 
 
D'autres victimes de Ricardo ont commencé à envoyer des courriers électroniques au journal où à son directeur, pour le dénoncer depuis l'étranger.  Manríquez, qui a aujourd’hui le titre de Maire à la retraite, a été appelé par le gouvernement à rentrer au Chili. Sa qualité de Consul Général lui a été retirée et on lui a ordonné de se mettre à disposition de la justice de San Fernando pour le cas du prisonnier disparu Justino Vásquez Muñoz et également pour les tortures dont l’accusent ses victimes. « Il n'est plus Consul et sa course à la Chancellerie est finie ! », a admis un haut fonctionnaire du Ministère des Relations Extérieurs. 
 
Néanmoins, "le Nazi" Manríquez, puisque c’est le souvenir qu’en ont les ex-prisonniers politiques, avec son teint blanc et ses grandes oreilles, continu d’avoir le titre de diplomate "sans affectation" et continu également à toucher son salaire de l'Etat Chilien. 
 
Pourtant son histoire a éclatée justement au moment où le gouvernement recense tout les cas d’horreur avec l’aide de la Commission Nationale sur les Prisonniers Politiques et la Torture (CNPPT).
 
Au Consulat du Chili (dans la capitale de Tegucigalpa), le journal s’est vu répondre que Manríquez «était à extérieur» et que «nous ne savons pas quand il rentrera».
 
Manríquez a été, après le coup d’état, le chef de « l'intelligencia » militaire dans la province de Colchagua assignée au régiment de San Fernando, et en tant que tel, il était également inspecteur de la police d’investigations dans cette ville.  Petit à petit, sa réputation d’homme violent et cruel s’est étendue dans toute la région où tout le monde le craignait.
 
Après 3 décennies, un groupe de victimes de Manríquez Pearson s'est réuni à la Communauté Urbaine de San Fernando pour une session qu’ils avaient attendu depuis plus 30 ans. Les uns après les autres ils ont révélé l'histoire du diplomate tortionnaire.
 
… « Des fois il recevait les prisonniers en tenu de parade officiel, avec des gants, alors que de l’autre main il les frappait avec un fouet. »
Le fermier Manuel Lorca Zamorano est tombé dans ses mains une nuit, peu de temps après le 11.
Capitaine Ricardo Manríquez Pearson a ordonné qu'on le déshabille et qu’on l’attache à une chaise. Manuel avait déjà été soumis à des électro-choques et à des coups, mais cette fois Manríquez changea de méthode : ses hommes retirèrent la base de la chaise et Manuel Lorca Zamorano resta assis nu, avec ses testicules à l’air. Ensuite ils lui ont mis une tige de fer dans l'anus et ont activé le courant…ils lui ont brûlé le conduit anal. Manuel a hurlé de douleur.
Des jours plus tard, le Capitaine alla le rechercher dans la prison où il l'avait transféré. Il l'emmena au bureau du Maire et lui dit : « écoute, fils de pute ! Mieux vaut pour toi que tu passes de notre coté si tu veux que tout se passent bien pour toi !» 
Manuel Lorca Zamorano, homme dur, refusa.
Manríquez pris de rage, coura vers lui et en sautant lui jetta un violent coup de pied de karateka qui le projeta au sol. «Il a répéter ses coups plusieurs fois…je n’en pouvais plus !», se rappelait-il.
Ne sachant plus quoi faire, le Capitaine le mit au défit de se défendre « Bat toi, enculé de ta mère ! Bat toi ! » Lui ordonna-t-il.
Mais Manuel ne résista pas à la douleur, affalé au sol, saignant de partout, cette nuit là il décida de mourir. Enfermé seul dans une cellule, il frappa violement sa tête contre le mur plusieurs fois de suite jusqu'à perdre connaissance. Mais malgré tout cela il survécu…
 
En arrivant à cette partie de l'histoire, Manuel Lorca Zamorano se décompose, il ne peut plus continuer et ne peut contenir ses larmes.
Dans la salle où ils sont réunis avec les autres victimes, le silence se fait pesant.
 
Il regarde sur la table la photo de Manríquez édité par la « Naciòn» : Monsieur le Consul Général du Chili au Honduras, en costume sombre et cravate !
Il ne cache pas son anéantissement : « si la démocratie c’est ça : récompenser les assassins ! Je préfère une dictature où l'ennemi est en face de moi ! ».
 
 
 
 
…Après plusieurs opérations en France, les dommages physiques de la torture ont été guéris. Aujourd'hui âgé de 65 ans, Manuel Lorca Zamorano mène une vie normale, mais il reste marqué par les mains du Capitaine.
Personne ne sait qui a lancé la rumeur à San Fernando et ses environs, que le "Capitaine Manríquez" avait fini dans une maison de fou et que peu de temps après il y mourut.
Mais ce n’était qu’une rumeur, le bourreau avait simplement délaissé son uniforme militaire pour un costume-cravate classique, propre aux diplomates.
Aujourd'hui il le porte toujours… 
 
 
De notre envoyé spatial au Chili
El Pisco

 

                                           

 
 
Quelques liens complémentaires sur le sujet :
 
Sur le 11 Septembre 1973 :
Blog consacré au 11 Septembre 1973 et au dernier discours de Salvador Allende
 
« Soirs d’euphorie, matin de désespoir » par Pierre Kalfon tiré du Monde Diplomatique.
 
Sur Pinochet :
« Le linge sale de la dictature chilienne » par José Maldavsky tiré du Monde Diplomatique.
 
Sur le juge Guzman :
« Juan Guzman l’équilibriste » par David Samson tiré de L’Humanité.
 
Sur la politique au Chili :
« Le rêve brisé de Salvador Allende » par Tomás Moulian tiré du Monde Diplomatique.
 
« Vingt terribles années (de 1970 à 90) » tiré du Monde Diplomatique.
 
« Chili, 11 Septembre 1973 : Leçons d’une tragédie » par Dominique Vidal tiré du Monde Diplomatique.
 
Article paru dans la presse locale chilienne :
« El cónsul torturador » paru dans La Nacion Domingo.
 
Rapport Annuel :
De Reporter sans Frontière :
D’Amnesty International :
 
 
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commentaires

T
Paz para los desaparecidos y las familias
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H
keskon s en branle des chiliens...z on ka crever dans leur pays
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