On reste à la fin des années 60, où la soul américaine a subi de sérieuses attaques jamaïquaines !
L’enchaînement Soul américaine – Soul Jamaïquaine était d’ailleurs la marque de fabrique de certains Dance Clubs anglais.
Dans ces années-là, les jeunes demoiselles et les jeunes gars soucieux de leur apparence et des dernières tendances s’appelaient les Mods, contraction de Modern Youth : jeunesse moderne.
Parmi tout ce petit monde, les moins friqués, originaires des banlieues ouvrières, étaient qualifiés de Hard Mods : Mods durs, aussi durs et parfois aussi cons que leurs conditions de vie en fait…
Ils partageaient souvent leurs quartiers avec les immigrés antillais, jamaïquains ou trinidadiens pour la plupart. Les petits durs jamaïquains s’auto-proclamaient Rude Boys en ces temps-là.
Ils vont considérablement influencer les Hard Mods blancs qui ne tarderont pas à adopter leurs goûts vestimentaires et musicaux.
Soul, Rocksteady, Reggae, bretelles, polos smarts et crânes rasés. Une fraternité en Noir et Blanc dont les plus fervents adeptes étaient les Skinheads, puisque c’est comme ça que les jamaïquains appelaient leurs potes Hard Mods.
Bref, si le Reggae et la Soul faisaient danser les Skinheads et leurs potes jamaïquains, y’a aucune raison pour qu’on ne reprenne pas une petite tranche musicale de Soul Cake fourré au Reggae !
Avec par exemple pour la première bouchée, dans le domaine des grandes voix jamaïquaines : Mister Soul of Jamaica himself, Alton Ellis ! Le beau Alton enregistrait, en 1973, un titre sobrement intitulé Papa. Inspiré par le classique des Temptations « Papa was a rolling stone », le morceau raconte l’histoire d’un géniteur peu préoccupé par le destin de sa famille et particulièrement enclin à disparaître dans les premières jupes rencontrées. Malheureusement, cette histoire avait une fâcheuse tendance à la répétition dans les ghettos de Kingston et d’ailleurs, où le chômage, la pauvreté et son cortège de poisons associés ont fait éclater de nombreuses familles, les privant de père et forçant les mères à élever tant bien que mal leurs enfants tout en travaillant.
Les Temptations disaient Papa was a rollin’ stone : Papa était un bourlingueur, where he left his hat was his home : Partout où il posait son chapeau il était à la maison, and when he died he left us all alone : Et quand il est mort il nous a laissés tout seuls.
Alton Ellis, lui, fataliste, répondait : « Pourquoi lui demander de changer puisqu’il en a toujours été incapable ? »
…The Pioneers, apporteront eux aussi leur version dédiée aux darons volatiles…
Gokhlayeah.
Playliste :
1. The Temptations, “ Papa was a rolling stone”
All Directions, Gordy, 1972
2. Alton Ellis, « Papa »
Single, Clinch, 1973
3. The Pioneers, “Papa was a rolling stone”
Single